À l'approche des Jeux olympiques de Paris 2024, il est crucial pour les dirigeants d'entreprises et les responsables de la gestion des risques de se préparer à affronter divers défis inhérents à un événement de cette envergure.
Une menace terroriste persistante en dépit de l’affaiblissement des capacités des groupes jihadistes
Les dernières attaques terroristes complexes, perpétrées en 2015 par des assaillants affiliés à l’Etat islamique (EI), avaient visé plusieurs lieux de la capitale, dont le Stade de France où des épreuves des Jeux olympiques se dérouleront. Depuis, les capacités opérationnelles de l’EI se sont largement affaiblies, et la coopération internationale entre les services de renseignement s’est améliorée. Cependant, les Jeux olympiques, symbole de rassemblement international, demeurent une cible de choix pour les actes de terrorisme. La menace a évolué vers des attaques de moindre envergure (attaques à l’arme blanche, utilisation de véhicules béliers) souvent perpétrées par des individus isolés, et auto-radicalisés. Ces individus sont davantage susceptibles de perpétrer des attaques aveugles dans des espaces ouverts. La situation géopolitique actuelle, notamment le conflit israélo-palestinien, pourrait également exacerber cette menace.
- Il est essentiel que les organisations suivent attentivement le moindre changement du niveau de la menace terroriste.
Le contexte politique implique un risque élevé de perturbations liées aux manifestations
Les manifestations, susceptibles de se dérouler tout au long des Jeux, représentent un risque significatif de perturbation. L’opinion publique française sur les Jeux s’est détériorée, avec des inquiétudes croissantes concernant les coûts associés à l’organisation de cet événement dans un contexte de restriction budgétaire des services publics, notamment de la santé. Alors que 76 % des Français interrogés en septembre 2021 soutenaient les Jeux olympiques, ils ne sont plus que 58 % en juin 2023. Certaines épreuves phares des Jeux olympiques se tiendront au Stade de France, situé à Saint-Denis, une banlieue au nord de Paris parmi les plus modestes de l’agglomération parisienne et connue pour ses défis socio-économiques. À l’été 2023, la ville de Saint-Denis a été le théâtre de manifestations et d’émeutes plus vastes cristallisant des tensions sous-jacentes qui pourraient être exacerbées lors des Jeux. De manière plus générale, le contraste entre l’éclat international des Jeux olympiques et la réalité quotidienne de nombreux habitants de ces quartiers populaires pourrait alimenter un sentiment de marginalisation illustré par exemple par la réquisition de logements étudiant pour les voyageurs internationaux. Les Jeux pourraient également être affectés par des groupes d’activistes capables d’organiser des actions lors d’événements sportifs majeurs. Les secteurs polluants notamment le secteur des énergies fossiles, resteront la cible principale pour des militants écologistes, comme cela avait été le cas lors de l’Euro 2020 lorsqu’un parachutiste avait interrompu un match de football.
- Les organisations doivent être conscientes de ces dynamiques et envisager des mesures de précaution, telles que la planification d’itinéraires alternatifs ou la protection de leurs infrastructures.
- Le contexte politique local restera un indicateur clé à surveiller pour anticiper d’éventuelles perturbations, en particulier celles motivées par des préoccupations socio-économiques.
Une surveillance accrue des sponsors
L’organisation des Jeux olympiques et la perception d’exclusivité qui y est associée, ont mis en lumière les pratiques tarifaires excessives, notamment dans le secteur de l’hébergement. Les autorités françaises ont demandé aux plateformes de location en ligne d’agir contre la hausse abusive des prix, sans toutefois parvenir à contenir cette tendance. Cette situation soulève des inquiétudes quant à l’accès équitable aux Jeux pour tous les spectateurs. La problématique des sièges vides, sièges généralement dédiés aux entreprises mais inoccupés, accentue cette perception d’exclusivité et d’inaccessibilité. Les organisateurs comme ceux de Roland-Garros, site dans lequel des épreuves JO se dérouleront, tentent de remédier à cette situation en redistribuant ces places. Cependant, le défi persiste.
- Les sponsors doivent veiller à ne pas exacerber ce sentiment d’exclusion ou d’injustice parmi le public et la population locale.
Des défis majeurs pour les services locaux, notamment pour les transports
Les Jeux olympiques génèrent une pression exceptionnelle sur les infrastructures locales, notamment sur les transports et l’hébergement. Paris, première destination touristique mondiale, doit gérer un afflux concentré de visiteurs posant un défi singulier par rapport à la saison touristique habituelle. Cette situation risque de saturer les capacités d’accueil avec des répercussions potentielles sur la disponibilité et le prix des hébergements. Pour cela, le gouvernement a envisagé plusieurs mesures, notamment la réaffectation de logements étudiant pour pallier le manque de chambres d’hôtel, reflétant l’ampleur du défi logistique. Le système de transport public parisien, déjà confronté à des problèmes de surcharge et de sous-effectif, pourrait connaître des difficultés pour gérer l’augmentation de la demande. Cette surcharge devrait entraîner des conséquences néfastes sur la mobilité des voyageurs et sur leur confort, d’autant plus avec les chaleurs estivales.
- Les organisations doivent anticiper ces contraintes en envisageant des alternatives et en planifiant leurs activités pour minimiser les désagréments.
La question de la participation des athlètes russes et biélorusses
Depuis le début du conflit en Ukraine en 2022, le Comité international olympique (CIO) a rencontré des difficultés pour concilier sa mission d’inclusion et de neutralité, avec des pressions extérieures significatives pour qu’il prenne position contre la Russie. Le Comité devrait recommander la participation des athlètes russes et biélorusses sous une bannière neutre, ce qui sera source de controverse. En conséquence, de potentielles manifestations en soutien à l’Ukraine et une couverture médiatique négative pourraient nuire à la réputation d’entreprises maintenant des liens avec la Russie ou la Biélorussie.
- Ces entreprises doivent être vigilantes à l’évolution du discours public et informer leurs équipes de communication de crise en cas d’urgence
La menace des vols à l’arraché restera élevée
L’afflux massif de visiteurs pendant les Jeux olympiques augmentera significativement le risque de vols à l'arraché, particulièrement dans les quartiers aisés de la ville, les établissements de luxe, les sites touristiques et les lieux accueillant les diverses compétitions olympiques. Ces incidents sont majoritairement non-violents, mais les rapports de ces dernières années témoignent d’un accroissement de l’agressivité des criminels contre les personnes perçues comme aisées, visant leurs objets de valeurs tels que les sacs, montres et autre bien de luxe.
- Il est essentiel de sensibiliser ses collaborateurs à ces menaces. La vigilance et la discrétion, avec des tenues vestimentaires sobres, sont les premières mesures pour atténuer ce risque.
Ces recommandations visent à aider les organisations à naviguer dans le paysage complexe des Jeux olympiques de Paris 2024, en mettant l'accent sur la prévention, la planification et la réactivité face aux risques.
Traduction de la version anglaise de l’article Paris 2024 Olympics: Overview of key risks publié le 6 décembre 2023 et rédigé par George Dyson.